■ 8-1050 Accidents et jeux dangereux chez l’enfant J.-L. Chabernaud, I. Claudet

■ 8-1050 Accidents et jeux dangereux chez l’enfant J.-L. Chabernaud, I. Claudet, L. Rebouissoux Grâce à l’évolution de la réglementation et la normalisation des produits, d’importants progrès ont été accomplis pour informer la population et les catégories professionnelles intervenant auprès des enfants sur les accidents survenant chez les enfants et adolescents par des campagnes nationales, régionales ou départementales. La mortalité a ainsi diminué de 70 % en 20 ans. Cependant cette baisse est plus nette pour les accidents de la circulation que pour les « accidents de la vie courante », regroupant les accidents domestiques, de sports et de loisirs et les accidents scolaires. Malgré les progrès réalisés au cours de ces 20 dernières années et cette baisse de la morbimortalité, la pathologie accidentelle reste chez l’enfant un problème de santé publique. La pathologie accidentelle évolue aussi en fonction des modes et des changements de la vie courante dans nos sociétés modernes. Ainsi à côté des accidents de la vie courante « classiques » émergent de nouveaux accidents liés à l’utilisation inadaptée de certains produits ou aux nouvelles habitudes de vie. La pratique des jeux dangereux (jeux de non-oxygénation et d’agression), par l’enfant d’âge scolaire ou l’adolescent, devient également depuis quelques années un phénomène préoccupant, encore mal connu des professionnels de l’enfance ou de santé. © 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots-clés : Accidents de la vie courante ; Accidents de la circulation ; Jeux dangereux ; Prévention des accidents Plan ■Introduction 1 ■« Nouveaux » accidents de la vie courante chez l’enfant 2 Risques liés à l’ameublement ou au mobilier 2 Risques liés à l’utilisation des sièges auto 2 Risques liés à l’utilisation des sièges de bain 3 Risques liés à la décoration 3 Risques liés aux mini-aimants 3 Risques liés aux nouveaux animaux de compagnie (NAC) 3 ■Jeux dangereux de l’enfant et de l’adolescent 3 Jeux de non-oxygénation ou jeux d’évanouissement 4 Jeux d’agression 4 Jeux de défi 4 Prévalence des jeux dangereux 4 Quels enfants pratiquent les jeux dangereux ? 4 Quand évoquer la pratique des jeux dangereux chez l’enfant ? 5 ■Physiopathologie des principaux types d’accidents et facteurs de gravité chez l’enfant 5 Noyades 5 Accidents traumatiques par chutes 6 Suffocations 6 Électrisations 7 Brûlures et exposition aux fumées d’incendies 8 Intoxications 10 ■Stratégie de prise en charge, conseils donnés lors de la régulation médicale et conduite à tenir sur place en urgence 11 Prise en charge des noyades de l’enfant 11 Prise en charge des traumatismes de l’enfant 11 Prise en charge des brûlures de l’enfant 12 Prise en charge des intoxications 13 ■Moyens de prévention des accidents de la vie courante 13 Connaissance précise des risques 13 Mesures préventives 14 Impact sur les coûts 14 ■Conclusion 14 ■ Introduction Les médecins et les pouvoirs publics ont commencé à s’intéresser aux accidents de l’enfant au début des années 1980. En 20 ans, grâce à une meilleure connaissance de l’accidentologie chez l’enfant de moins de 15 ans, à de gros efforts pour infor- mer la population et les catégories professionnelles intervenant auprès des enfants par des campagnes nationales, régionales ou départementales, mais aussi grâce à l’évolution de la réglemen- tation et la normalisation des produits, d’importants progrès ont ainsi été accomplis. La mortalité a diminué de 70 %. Cependant cette baisse est plus nette pour les accidents de la circulation que pour les accidents domestiques, de sports et de loisirs regroupés avec les accidents scolaires sous la dénomination d’« accidents de la vie courante » (AcVC). Malgré les progrès réalisés durant ces 20 dernières années et cette baisse de la morbimortalité, la pathologie accidentelle reste chez l’enfant un problème de santé publique. À côté des AcVC « classiques » émergent de nouveaux accidents liés à l’utilisation inadaptée de certains produits ou aux nouvelles habitudes de vie. Depuis quelques années la pratique des jeux dangereux (jeux de non-oxygénation et d’agression) par l’enfant d’âge scolaire ou l’adolescent devient un phénomène pré- occupant, encore mal connu des professionnels de l’enfance ou de santé. EMC - Traité de Médecine Akos 1 Volume 11 > n◦3 > juillet 2016 http://dx.doi.org/10.1016/S1634-6939(16)55754-8 Article en cours de réactualisation © 2020 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. - Document téléchargé le 28/12/2020 par BIBLIOTHEQUE UNIVERSITE UPM MONTPELLIER (1961). Il est interdit et illégal de diffuser ce document. 8-1050 ■Accidents et jeux dangereux chez l’enfant ■ « Nouveaux » accidents de la vie courante chez l’enfant À côté des AcVC « classiques » émergent de nouveaux accidents liés à l’utilisation inadaptée ou au détournement de la fonction initiale de certains produits, aux modes socioculturelles ou déco- ratives et aux nouvelles habitudes de vie [1, 2]. Risques liés à l’ameublement ou au mobilier Accidents liés à la chute de téléviseurs En France, 98 % des foyers sont équipés d’un téléviseur dont la plupart sont à tube cathodique et de poids élevé (60 %). Les accidents rapportés et publiés de 2000 à 2007 étaient liés à ces derniers [3–8]. Leur prix d’achat ayant baissé depuis l’arrivée des écrans plats, certains ménages acquièrent des écrans plus larges à moindre coût mais de poids plus élevé (36 à 80 kg). L’incident survient à la suite de l’escalade du meuble supportant l’appareil (70 %) ou lors du déplacement du téléviseur par un adulte (30 %) [3, 4]. Les parents sont rarement témoins de la chute (46 à 93 % des cas) [4, 5]. Ces traumatismes concernent essentiellement des enfants de moins de 4 ans (70 %) et les décès secondaires (3 à 11 %) des nourrissons [5–8]. Les localisations préférentielles des atteintes sont la tête et le cou (45 à 75 %) puis les membres inférieurs (30–35 %). La proportion d’hospitalisation reste élevée (40 %) en rapport avec la cinétique de l’accident et le risque de lésions intracrâniennes, d’organes pleins (foie, rate, surrénales, intestin) et la fréquence des fractures (60 % des traumatismes céphaliques, 50 % des atteintes des membres inférieurs). Un cinquième à un quart des admissions s’effectue en soins intensifs ou en réanimation. Les séquelles neu- rologiques après lésion intracrânienne sont fréquentes (50 %) [8]. La prévention consiste à placer le téléviseur sur un meuble adapté, stable et bas et à ne pas poser la télécommande sur le dessus de l’appareil (raison de l’escalade). Accidents causés par les tapis d’exercice motorisés À la suite des campagnes d’information pour prévenir surpoids et obésité, de plus en plus de ménages acquièrent des appareils d’exercice ou de musculation, en particulier des tapis motorisés d’exercice ou de course. Ce phénomène, déjà constaté aux États- Unis depuis 2000, s’étend depuis 2004 à l’ensemble des pays. Le nombre d’accidents domestiques liés à ce type de dispositif aug- mente parallèlement. Les enfants d’âge inférieur à 5 ans sont les plus à risque (80 % des cas) et la moyenne d’âge est de 3 ans [9–15]. Dans plus d’un tiers des cas, un adulte est témoin de l’accident et/ou en train d’utiliser l’appareil. Les lésions prédominent au niveau des mains (75–85 %), il s’agit de brûlures par friction. La surface brûlée est faible (surface cutanée brûlée : ≤ 1 %) et l’atteinte souvent profonde (50–60 %) nécessitant le recours à une greffe de peau dans 30 à 47 % des cas [10–12, 14]. Ce type d’appareil répond à des normes de fabrication (norme ISO 20957-6 : 2005) qui préconisent que l’espace entre la surface du tapis et le cylindre d’entraînement soit inférieur ou égal à 10 mm pour éviter que les doigts d’un enfant ne puissent s’y coincer. Les mesures de prévention stipulent d’éviter son utilisation en présence d’un enfant, un usage dans une pièce fermée (inacces- sible à un petit enfant), de placer l’appareil face à la porte (pour visionner un enfant entrant) avec un miroir sur le mur arrière afin de voir un enfant arriver. Accidents liés à l’utilisation de destructeur de papier La prise de conscience du fait que nos poubelles regorgent d’informations confidentielles avec le risque d’usurpation d’identité explique que depuis quelques années, le marché des des- tructeurs de papier enregistre une forte progression. Ces machines disposent de deux mécanismes de coupe : droite ou croisée selon le niveau de sécurité de destruction désirée. Les accidents liés à leur utilisation sont en augmentation depuis les années 2000. Plus de la moitié concerne des enfants d’âge inférieur à 3 ans, le groupe le plus à risque étant âgé de 15 à 30 mois. L’accident survient alors que la machine est utilisée par un adulte ou alors que ce der- nier en enseigne l’usage à son enfant [16]. Les lésions prédominent au niveau de la main et des doigts, une amputation partielle résultante est constatée dans 17 % des cas. L’étude américaine récente de la Consumer Product and Safety Commission (CPSC), analysant les principaux appareils en vente, démontrait un cer- tain nombre d’insuffisances au niveau de la sécurité : hauteur facilement accessible à un enfant de 15 mois, ouverture suffisam- ment large ou souple pour autoriser l’insertion des doigts, distance entre l’ouverture et les lames rendant possible l’accès aux parties coupantes des doigts uploads/Sante/ accidents-et-jeux-dangereux-chez-l-x27-enfant-akos.pdf

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  • Publié le Jan 31, 2021
  • Catégorie Health / Santé
  • Langue French
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